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NISI VIDEO NISTA U BEOGRADU* # 3

(*”Tu n’as rien vu à Belgrade”, d’après “Hiroshima mon amour”, Alain Resnais-Marguerite Duras)

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Irrésolutions constructives

1. Ne pas écrire sur la Serbie / Ecrire sur la Serbie / Ecrire quoi SUR la Serbie ou A PARTIR de la Serbie ou AUTOUR de la Serbie ?
___1.1.Ne pas commencer un roman dont la première phrase serait : “Alors qu’il s’était interdit d’aller au mariage de son fils et qu’il avait interdit à sa femme, à ses parents, à ses beaux-parents, à ses autres enfants, à ses cousins et à tous les membres de sa famille proche de s’y rendre individuellement ou en groupe, Svetislav Djodjalepsalvjević fit livrer le jour-même de la noce plus de 100 kilos de bananes, ce qui était à la fois un geste dispendieux vu la rareté de ce fruit dans ces années-là mais surtout une marque du profond mépris dans lequel il tenait sa future belle-fille et sa parentèle qu’il plaçait ainsi, du fait de son origine étrangère, au même rang darwinien que les singes, ce que comprit aussitôt Bojan en rougissant.”
___1.2. Ne pas commencer un roman dont les deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième phrases seraient : “Papa est mort le même jour. Il va de soi que sa mort a été totalement occultée par celle du Maréchal-Président. Maman lui en a beaucoup voulu. Au Maréchal-Président. D’oser mourir le même jour que papa. C’est de ce jour que sa foi dans le communisme a commencé à vaciller. C’était une bonne raison.”
___1.3. Ne pas commencer un roman dont la dernière phrase serait : “Et écoutant Dragan Stojnić chanter Bila Je Tako Lijepa, il se mit à pleurer.”
2. Ne pas apprendre le serbe / Apprendre le serbe / Ne pas apprendre l’alphabet cyrillique / Apprendre l’alphabet cyrillique.
___2.1. Ne pas traduire toutes les paroles des chansons serbes ou des bribes de journaux etc. avec Google Traduction jusqu’à pourtant obtenir des phrases d’une indéniable beauté :
______2.1.1. “chemise blanche formelle” ; “bras fraîchement amputé de Satriani” ; “rien ici ne serait pas en train d’écrire” ; “je suis principalement une combinaison de permanent” ; “pathétique et cette fille de côté pour une deuxième fois” ; “un baiser dans le nom des mots” ; “ce qui reste spécifique ne sait pas quoi faire avec l’ennui” ; “si des automobilistes âgés d’entraînement et de socialisation” ; “je préfère mince, uni ou chien” ; “ils sont vraiment une paire de réputation” ; “toute personne qui est un clic instruit proportionnellement”.
3. Ne pas chercher les traces de mon grand-père / Chercher les traces de mon grand-père.
___3.1. Chercher où ? A Belgrade ? Dans les rues de Belgrade ?
___3.2. Chercher quoi ? Un nom sur une boutique ? Un nom de rue ?
___3.3. Ne pas chercher de ressemblance physique avec quiconque / Chercher les ressemblances physiques avec tout le monde : peut-être celui-ci un cousin, peut-être celui-ci un oncle, peut-être à chaque promenade dans Belgrade je croise des membres de ma famille c’est absolument huge.
___3.4. Ne pas chercher son nom sur internet / Chercher son nom sur internet.
______3.4.1. Trouver son nom sur internet ; trouver une Vineta une Danjela une Demetra un Marko un Nikola un Vinko un Milomir un Jovan qui portent le même nom.
______3.4.2. Trouver un ministre du même nom né en 1821 en Bosnie alors sous domination ottomane, devenu père d’un Velizar, lui-même devenu père d’un Petar né en 1898, qui pourrait donc être lui-même devenu père de mon grand-père né en 1925. Oui ? Non ?
_________3.4.2.1. En terminer avec la nostalgie des ministres, des diplomates, des princes, des couronnes, des révolutions…
4. Ne pas tomber dans la nostalgie titiste affligeante de l’Occidental en mal de repère depuis la chute du mur de Berlin / Tomber dans la nostalgie affligeante de l’Occidental en mal de repère depuis la chute du mur de Berlin.
___4.1. “Ich bin ein Berliner”.
___4.2. Ja sam u Beogradu.
5. Ne pas tomber dans la fascination de la guerre qu’ils ont, eux, connue, et que nous avons, nous, regardée de loin, avec la consternation légèrement condescendante qu’on accorde à des cousins un peu attardés de la part desquels il faut, malheureusement, s’attendre à tout / Tomber dans la fascination d’une génération qui a connu la guerre.
___5.1. Les ruines de l’avenue Nemanjina.
___5.2. Une inflation de 306.000.000%
___5.3. Les amis sur le front. Quelque chose de la guerre civile. Quelque chose de la haine ancestrale. Quelque chose si facile à réveiller. Partout.
6. Ne plus boire / Boire.
___6.1. Ne plus boire de rakija et/ou de bière et/ou de vin pour avoir des idées lumineuses qui disparaissent à peine aperçues.
___6.2. Boire avec un carnet à portée de main pour noter des idées lumineuses de textes.
______6.2.1. Relire les idées lumineuses écrites durant la nuit et décider de ne plus boire de rakija et/ou de bière et/ou de vin.
______6.2.2. Relire les idées lumineuses écrites durant la nuit et décider de s’arrêter au moins un verre avant le dernier.
___6.3. Continuer de boire et ne rien noter.
___6.4. Arrêter de boire une fois rentré.
7. Se balader dans Belgrade et dans les lendemains de fête en suivant la fille du clip Perspektiva du groupe S.A.R.S. / Se balader seul dans Belgrade et dans les lendemains de fête sans faire partie d’un clip.
___7.1. Mais éviter la pluie et dans le clip il ne pleut pas.
___7.2. Mais même dans le clip la fille se balade avec une bouteille de Bourbon.
___7.3. Mais même dans le clip la fille boit et fume.
___7.4. Mais même dans le clip la fille ressemble à toutes les filles qui boivent et ont fait la fête et continuent de faire la fête parce que : faire quoi d’autre, hein, au fond, faire quoi d’autre ?
8. Continuer à ne plus fumer / Refumer.
___8.1. Belgrade est un espace et un temps à part.
___8.2. Je peux me permettre à Belgrade ce que je ne me permets pas en France.
___8.3. Tout le monde fume à Belgrade.
___8.4. Je peux fumer (un peu).
___8.5. Je peux ne pas fumer.
9. Racheter du thé, du miel, des pommes de terre, des pâtes / Vivre sur la réserve de thé en réutilisant un même sachet pendant deux ou trois jours puisque quoi qu’il arrive je ne bois du thé que pour boire quelque chose de chaud qui ait un minimum de goût le matin avec du miel mais surtout qui soit chaud.
___9.1. Je n’aime pas le café je n’ai jamais aimé le café je ne bois pas de café.
___9.2. Mes menus quotidiens sont à peu près partout les mêmes avec au petit-déjeuner de l’eau chaude avec un minimum de goût et de miel, au déjeuner deux oeufs sur le plat et une tomate et du jambon ou de la viande et du pain et du beurre, et pour le dîner des pâtes ou des pommes de terre à la poêle avec de l’huile et de l’ail et ainsi chaque jour pour éviter de penser quoi manger.
___9.3. Si je rachète des oeufs par exemple aurai-je le temps de manger tous les oeufs que j’aurai achetés ou bien d’en faire cuire pour les emporter lors de mon départ dans l’hypothèse où mon avion ait du retard ainsi qu’à l’aller et qu’une fois encore je doive passer la nuit à Rome au Hilton qui ne sert plus à dîner à partir d’une certaine heure et me nourrir seul en attendant le vol suivant ; ou bien laisserai-je les oeufs dans le frigidaire au risque d’intoxiquer le prochain occupant de l’appartement comme j’ai manqué l’être le premier soir en voulant faire frire les quatre oeufs qui restaient dans le frigidaire et qui brisés sur le rebord de la poêle ont dégagé une substance verdâtre et une odeur pestilentielle m’obligeant à me rabattre sur une boîte de tomates pelées ?
___9.4. Remporter les oeufs dans ma valise ?
10. M’acheter une veste et/ou une chemise et/ou un pantalon et/ou une écharpe comme à chaque séjour à l’étranger (mais est-ce l’étranger si c’est le territoire de mon grand-père) qui, une fois porté en France, est, en soi, un parfum de l’étranger (mais est-ce l’étranger si c’est le territoire de mon grand-père) / Ne pas dépenser, penser aux prochains mois, penser aux dépenses à venir, penser que je n’ai aucune trésorerie, penser que vraiment je suis nul à mon âge et à n’importe quel âge d’en être encore là.
___10.1. Là ?
______10.1.1. C’est-à-dire partout et nulle part c’est-à-dire sans domicile fixe c’est-à-dire quasi sans dent (selon la formule briochée attribuée à notre représentant suprême).
___10.2. Ne rien acheter, rentrer avec un peu de liquidité, être raisonnable, tenir jusqu’à noël, n’avoir de souvenirs qu’en photos et en tête et en goûts.
___10.3. Ni une veste ni une chemise ni un pantalon ni une écharpe ne me feront écrire mieux quelque chose c’est-à-dire un texte.
______10.3.1. Mais le présenter mieux, oui, contrairement à la rencontre organisée à la librairie C. où j’avais dû colorier au feutre bleu marine les bords de ma chemise élimée.
______10.3.2. Parce qu’il ne suffit pas d’écrire un texte il faut ensuite le défendre.
______10.3.3. Et que se trouver inconfortable dans ses vêtements lors d’une rencontre publique est absolument paralysant.
______10.3.4. Ou à opter pour la panoplie de l’écrivain maudit et génial en loques et sale et alcoolique.
_________10.3.4.1. Non, ni sale ni en loques.
_________10.3.4.2. Non, sale, non.
____________10.3.4.2.1. La pathétique propreté du pauvre en guise d’ultime dignité.
____________10.3.4.2.2. Autrefois.
11. Faire de l’exercice physique.
___11.1. Faire de l’exercice physique pour pouvoir mettre mes vêtements d’il y a dix ans et donc éviter d’en racheter même à Belgrade et céder à la tentation consumériste.
______11.1.1. C’est inutile, j’arrive encore à les porter, même ceux d’il y a vingt-cinq ans etc.
______11.1.2. Je marche suffisamment dans Belgrade chaque jour pour éviter de faire de l’exercice sur le tapis de la chambre comme les vieux qui font du vélo sur leur terrasse ou l’amour avec du Viagra.
______11.1.3. Faire des exercices pour mon dos permettrait d’éviter de penser, d’éviter de regarder les vitrines qui sont les mêmes ici qu’en France et d’être soumis à la tentation de.
_________11.1.3.1. Quoi.
_________11.1.3.2. D’être encore visible ? Désirable ?
_________11.1.3.3. Ne nous soumets pas à la tentation et délivre-nous de tout mal.
___11.2. “No sport”, W. Churchill.
12. Céder à la tentation consumériste / Ne pas céder à la tentation consumériste / Céder à son époque pour décrire son époque.
___12.1. Acheter un tee-shirt à l’effigie de Gavrilo Princip, un drapeau serbe, une icône de saint Sava, un aimant “I love Beograd”, des cartes postales, un livre de Deleuze traduit en serbe, une médaille du temps de la monarchie, un album de Tintin et le Sceptre d’Ottokar, un disque d’Olivera Katarina.
___12.2. Car il faut rapporter des objets à offrir.
______12.2.1. A qui ?
______12.2.2. Quoi ?
______12.2.3. Il faut ?
___12.3. J’achète (Kupujem) : pour 3.019,07 dinars du jambon, du beurre, des oeufs, des cornichons, des pâtes, des pommes de terre, des bananes, de l’ail, de la bière, du pain, etc., le jeudi 4 septembre au supermarché de l’avenue du Despote Stéphane. J’achète, le vendredi 5 septembre, au supermarché de l’avenue du Despote Stéphane. Etc.
13. J’écris SUR la Serbie / Je n’écris pas SUR la Serbie / Est-ce que j’ai encore quelque chose à écrire ?

NISI VIDEO NISTA U BEOGRADU* # 2

(*”Tu n’as rien vu à Belgrade”, d’après “Hiroshima mon amour”, Alain Resnais-Marguerite Duras)

godard

 

Questions microphysiques

1. J’ai lu Biljana Srbljanovic, Miljenko Jergovi, Vesna Krstic, Velibor Colic, Vladimir Pistalo, Sasa Stanisic, Svetislav Basara, Goran Petrovic, Vuk Draskovitch, Srdjan Valjarevic, Vladimir Arsenijevic.
___1.1. Est-ce que je connais la Serbie ou l’ex-Yougoslavie en lisant ces livres ?
___1.2. Est-ce que je connais la Serbie ou l’ex-Yougoslavie en voyant des films de Kusturica ?
___1.3. Est-ce qu’il est possible de connaître un pays qui n’est pas le sien ?
______1.3.1. Est-ce que ce pays n’est pas le mien ?
______1.3.2. Est-ce qu’avoir dans ma généalogie un grand-père né ici suffit à faire mien ce pays ?
_________ 1.3.2.1. Mais dans quel pays est né mon grand-père ?
_________ 1.3.2.2. Il est né en 1925 donc en ex-Yougoslavie ce qui signifie qu’il est né en Serbie ou en Croatie ou en Slovénie ou en Bosnie-Herzégovine ou en Voïvodine ou au Monténégro ou au Kosovo ou en Macédoine.
_________1.3.2.3. Vingt-cinq ans plus tôt il aurait pu naître en Serbie ou en Autriche-Hongrie.
_________1.3.2.4. Cent-cinquante ans plus tôt il aurait pu naître en Hongrie ou dans l’empire Ottoman.
_________1.3.2.5. J’adore cette folie.
______1.3.3. Est-ce qu’il faut deux grands-pères ? Trois grands-parents ? Quatre ?
______1.3.4. Est-ce qu’il faut vivre longtemps dans un pays pour le faire sien ? Et alors combien de temps c’est longtemps ? Par exemple est-ce que le fait d’avoir vécu cinq ans en Grèce fait que la Grèce est mienne ?
_________1.3.4.1. Non.
_________1.3.4.2. Si, bien sûr que si.
______1.3.5. Est-ce que ça a la moindre importance ?
2. J’ai parlé avec Pedja, Ana, Vladimir, Katarina, Milan, Danijela, Irena, Nadja, Yelena, Dejan, Tamara, Millanna, Bojan, Milica, Snezana, Johana…
___2.1. Est-ce que je connais la Serbie ou l’ex-Yougoslavie en parlant avec eux ?
___2.2. Est-ce que je connais la Serbie ou l’ex-Yougoslavie en marchant, déjeunant, dînant, buvant, sortant dans Belgrade avec eux ?
___2.3. Est-ce que coucher avec Johana, Snezana, Milica, Bojan, Millanna, Tamara, Dejan, Yelena, Nadja (non : Nadja est trop jeune), Irena, Danijela, Milan, Katarina, Vladimir, Ana, Pedja, me permettrait de mieux connaître la Serbie ou l’ex-Yougoslavie ? (Connaître, donc, dans le sens biblique du verbe.)
______2.3.1. Est-ce qu’il faut que je connaisse un pays qui est peut-être le mien mais peut-être pas le mien non plus, dans le sens biblique du terme ?
______2.3.2. Est-ce que je me pose la question de savoir si je connais bibliquement la France ?
_________2.3.2.1. Non, évidemment non, je ne me pose pas cette question.
_________2.3.2.2. “La France est une putain qui ne demande qu’à être baisée” D. de Villepin, ex-Premier ministre.
______2.3.3. Est-ce que le besoin de Serbie (de Grèce, de Balkans, etc.) n’est pas une lassitude de la France qui “est une putain qui ne demande qu’à être baisée” ?
_________2.3.3.1. Si, évidemment si, une lassitude de ce “vieux pays d’un vieux continent” et bla et bla et bla avec des concitoyens septuagénaires qui font du vélo en tenue fluo, qui vont en Tunisie se faire tirer la peau, qui prennent des cours de tango, qui trouvent que tout en France est beau, qui écoutent Jean-Pierre Pernaut.
______2.3.4. Est-ce qu’il y a besoin d’une raison pour aimer un pays qui est peut-être le sien mais qui peut aussi ne pas être le sien ?
_________2.3.4.1. Oui.
_________2.3.4.2. Non.
_________2.3.4.3. Sans opinion.
3. Je suis allé à la cathédrale Saint Sava, je suis allé au parc des Pionniers, j’ai marché le long de la Save qui naît en Slovénie, passe en Croatie, sépare la Bosnie-Herzégovine de la Serbie pour enfin se jeter dans le Danube à Belgrade, j’ai marché le long du Danube, j’ai vu le Parlement, la Poste centrale, l’avenue de la Révolution maintenant appelée avenue du roi Alexandre, la tour Genex je l’ai vue en arrivant quand Pedja est venu me chercher à l’aéroport et m’a conduit jusqu’à l’appartement, j’ai vu le Théâtre national, la place de la République, la Faculté de droit, le pont Brankov, le KC Grad, l’Hôtel Moscou, le parc de Kalemegdan, le Drugstore, la Silicon Valley qui est une rue ici ainsi appelée à cause des femmes installées aux terrasses des cafés avec des lèvres et des seins chirurgicalement modifiés, je marche sur l’avenue du Despote Stéphane derrière laquelle je vis, dans le Quartier des Professeurs, à Palilula, je déjeune ou dîne ou prends un verre au Pomodoro, au Stara Herzegovina, au Od Usta Do Usta, au Kafana Orasac, au Café de France – dont une affiche en français (?) proclame “Viva la France” – , j’ai assisté à un concert pour la Paix avec un magnifique Dejan Cinadinovic jouant le Prélude, Chorale et Fugue de César Franck, je fais mes courses au supermarché de l’avenue du Despote Stéphane à l’angle de l’avenue Cvijiceva, je prends des taxis non-fumeurs et des taxis sans interdiction aucune, j’ai vu le cadavre d’un chat sur la rue Osmana Djikitsa, j’ai eu très chaud parce qu’il a fait très chaud, j’ai eu très froid parce que je suis frileux, je me suis fait tremper parce qu’il pleut des déluges, je marche sur l’avenue Mitropolita Petra, j’ai acheté une oeuvre à un plasticien, je marche sur l’avenue Takovska, j’ai vu le cadavre du chat gonfler, j’ai dit non pour dire oui, j’ai dit oui pour dire oui, j’ai dit dobar dan, j’ai dit dobro vece, j’ai dit dovidjenja, j’ai dit hvala, j’ai dit laku noc, j’ai dit pardon, j’ai dit ne razumem, j’ai dit prichljivi, j’ai marché rue Vranjska, rue Prote Mateje, rue Kneza Mihaila, j’ai vu le cadavre du chat se décomposer, j’ai écrit pisac, kupujem, dragi, srpski, neko, du chat il ne reste que des os on dirait extrêmement friables, j’ai marché sur l’avenue Kralja Milana, j’ai vu Belgrade du haut de la tour de la radio, j’ai vu les ruines d’un bâtiment détruit par l’Otan, j’ai bu un vin herzégovien, j’ai parlé en anglais, j’ai échangé en anglais international qui est aujourd’hui ce que devait être le bas latin dans l’antiquité tardive, j’ai manqué m’évanouir, j’ai eu des sueurs froides, j’ai pensé que je n’allais pas me relever de ce fauteuil, j’ai pensé que j’allais devoir aller à l’hôpital et m’exprimer en anglais international, j’ai pensé qu’il fallait que j’apprenne le serbe, j’ai pensé que c’était une langue magnifique, j’ai pensé qu’il fallait que j’arrête d’être dans l’émotion l’admiration la découverte béates et naïves.
___3.1. Est-ce que cela suffit pour dire que je connais Belgrade ?
___3.2. Pourquoi serait-il nécessaire que je connaisse Belgrade ?
___3.3. Qu’est-ce que je cherche à Belgrade ?
4. Je n’ai pas (encore) visité le musée national, je ne suis pas (encore) allé à Zemun, je n’ai pas (encore) visité le zoo, je n’ai pas (encore) vu les ruines romaines, je ne suis pas (encore) allé au port de Belgrade, je ne suis pas (encore) allé à Novi Beograd, je ne suis pas (encore) allé voir la résidence de la princesse Ljubice, je n’ai pas (encore) vu la mosquée Bajrakli, peut-être je n’ai rien vu (encore) à Belgrade.
___4.1. Est-ce que je suis un touriste à Belgrade en septembre ?
___4.2. Est-ce que je suis plus qu’un touriste à Belgrade en septembre ?
___4.3. Est-ce que j’aurai le temps de tout visiter pour ne plus être un touriste à Belgrade en septembre ?
______4.3.1. Est-ce qu’avoir tout visité suffit à ne plus faire de quelqu’un un touriste ?
______4.3.2. Est-ce que je suis là pour visiter Belgrade ?
______4.3.3. Je ne suis pas là pour visiter Belgrade.
___4.4. Je suis là pour quoi ?
5. Je vis à Belgrade, en ce moment je vis à Belgrade, en ce moment je vis à Belgrade totalement, je vis à Belgrade, en ce moment je vis tendrement totalement tragiquement à Belgrade.

 

 

 

 

NISI VIDEO NISTA U BEOGRADU* # 1

(*“Tu n’as rien vu à Belgrade”, d’après “Hiroshima mon amour”, Alain Resnais-Marguerite Duras)

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Impressions péremptoires

1. Le Serbe est grand. C’est-à-dire le Serbe jeune est grand. Il est costaud. Il est sportif. Le Serbe jeune est costaud, c’est-à-dire en pleine forme, c’est-à-dire occidental, c’est-à-dire international. Le Serbe jeune peut être hipster c’est-à-dire occidental c’est-à-dire international aussi, mais c’est plus rare. Je veux dire le Serbe, jeune, est plutôt sportif et costaud.

1.1. Le Serbe vieux est plus petit.
1.2. Le Serbe jeune semble, à Belgrade, plus fréquent que le Serbe vieux.

2. Le Serbe dit non comme le Grec dit oui.
3. Le Serbe respecte les passages cloutés et les feux rouges même quand aucune voiture n’est en vue.
4. Le Serbe mange à n’importe quelle heure.
5. Le Serbe est bavard, ce qui ne signifie pas que ce qu’il dit est inintéressant mais qu’il est volubile c’est-à-dire qu’il parle beaucoup et très rapidement.

5.1. “Le” Serbe doit ici être entendu comme le/la Serbe.
5.2. La Serbe est peut-être cependant un tout petit peu moins volubile que le Serbe.
5.3. Ces impressions empiriques prétendent évidemment à l’exhaustivité et doivent être généralisées et pensées comme générales.

6. Le Serbe fume absolument tout le temps et absolument partout.

6.1. Les cigarettes se vendent dans des kiosques qui jalonnent la ville.
6.2. Les cigarettes se vendent dans les supermarchés, les épiceries, elles sont alors placées derrière la caisse.

6.2.1. Je n’ai pas encore vérifié ce qu’il en était dans les pharmacies.
6.2.2. Mais chez les vendeurs de journaux oui.

6.3. Le paquet de cigarettes coûte environ 1,68 € (le paquet de Camel)
6.4. Il faudrait envisager un plan des kiosques de Belgrade, une cartographie de la ville qui ne serait que celle des urgences d’alcool, cigarettes, gâteaux, crédit téléphonique, je n’ai pas vu s’il s’y vendait des médicaments.

7. Le Serbe boit de l’eau de vie à l’apéritif, durant le repas, et accessoirement en digestif.
8. Coiffeur se dit ici Friseur et on pense aussitôt à des boucles blondes créées avec des fers brûlants, des instruments vintage qui ne dépareraient pas dans un roman des années 50, qui conviendraient à des Lolita entourées d’Humbert Humbert aujourd’hui morts puisqu’elles-mêmes, aujourd’hui, seraient, ô mon dieu, octogénaires.
9. Le Serbe utilise deux alphabets en sorte que le C par exemple peut avoir deux valeurs et au moins deux valeurs selon qu’il est ou non accentué.
10. Avenue se dit avenue, pardon se dit pardon, autobus se dit autobus, toilettes se dit toalet, septembre se dit septembar, vélo se dit bicikl, aéroport se dit aerodrom, garage se dit garaza, banque se dit banca, poste se dit posta, restaurant se dit restoran, salade se dit salata, limonade se dit limunada, vin se dit vino, potage se dit supa, je suis français se dit sam frantsuz, Belgrade se dit Beograd, ce qui ne suffit pas pour tenir une conversation.
11. J’apprends beaucoup d’anglais avec les Serbes de Belgrade, par exemple huge est un adjectif qu’ils utilisent beaucoup et à peu près pour tout.
12. Il pleut beaucoup à Belgrade en septembre.
13. Il y a de nombreux moustiques à Belgrade, en septembre.
14. Les façades stuquées des immeubles belgradois desquament comme une peau en septembre, après trop de soleil.
15. Le Serbe est surpris que je dise aimer Belgrade.

15.1. Le Serbe apprécie que je dise aimer Belgrade, mais reste surpris en septembre.
15.2. Le Serbe pense à Londres, New York, à la limite à Paris, et reste donc surpris que je pense imaginer possible de m’installer à Belgrade comme j’ai pensé possible de m’installer à Budapest, comme je me suis installé à Athènes, comme j’ai vécu à Alexandrie, etc.
15.3. Le Serbe verrait presque comme un provincialisme le fait que j’aime Belgrade.

16. J’aime Belgrade.

Vreme leti i zimi i leti

Prodje avgust kao Milosevic, kao da ga nije ni bilo. Ali naravno, ne sme se zaboraviti na njega i njegove, to treba da bude lektira od prvog razreda u ovoj zemlji, kao sto se ne moze reci da je mesec za mene samo prosao. Jer od kada sam poceo da prevodim romane pre dvadeset godina, nikad nisam ovako skoncentrisano mogao da sedim, i sedim, i sedim. Uradio sam vise pametnog posla za mesec dana nego Dinkic za deset godina. Dicim se. I razbacujem se sad nekim imenima. Ali nisam diskutovao domacu politiku ovih nedelja. Nego samo cujem druge kako pricaju o tome. Uglavnom, sve po starom. Ali Beograd ipak zivi tu i tamo, mnogo vise nego sto sam mislio. Imao sam dve svedske “delegacije” u poseti dok sam bio ovde, i svi se nekako cudno zaljubljuju u ovaj grad o kome sam im pricao … svasta. Te da je ruzan, te da je pivo odvratno, te mafija, te politikomafija, te socijalisticka arhitektura, te ovo te ono. Sada sam bio prinudjen, kao dobar srpski domacin, da prosetam gradom u nekim novim pravcima (do sada sam uglavnom dolazio sa svojom decom iz Svedske). Stalno sam terao Svedjane u prave srpske kafane, ali eto, video sam da ima jos puno toga. Kafica skoro kao one koje posecujem u mom Geteborgu, zgrade koje su skoro lepe kao one koje najvise volim u Geteborgu, cak sam i nasao pravo pivo (ispod hotela Moskva), sto je mozda bilo najvece otkrovenje/iznenadjenje. Da ne pricam o organskom restoranu! U nekoj polurazvaljenoj zgradi izmedju Savamale i Kosancicevog venca. I cak dve prave organske samoposluge. A i baste-kafici cvetaju, i produzio sam leto za mesec dana … Sad postajem previse sentimentalan, i to mi ne ide. Video sam i spomenik nekom azerbajdzanskom “ocu nacije”, pa me to onda odmah vrati u moj standardni pesimizam o ovoj drzavi. Da ne pricam o Beogradu na vodi. I premijeru koji se mesa u svaku pojedinost sto se desava u drzavi. Sve po starom, pomislim, i kazem to Svedjanima. A oni nista. Ono, tipa, mnogo je lepse nego sto si rekao, kako su jeftini hrana i pice, kako je sve pomalo kul, bla bla, jala, jala. Dobro, neka im bude. Nisam hteo da im kvarim raspolozenje. A i nisam bas ni mogao. U Svedskoj stalno psujem na racun politicara, korupcije, idiotizma. Ovde bih verovatno poludeo da zivim ovde. Ali rado bih se vratio da ponovo radim ovde. I da otrkijem nova mesta. Jos kad bi kul kafici imali i neku hranu, ili barem kikiriki, sve bi bilo onako taman. I jos kad bi milicioneri prestali sa hvatanjem ljudi koji prelaze na crveno svetlo (kad po ulicama polupijani ljudi voze ko ludaci u sred grada), bilo bi bas kumasinski. Prvi dan me uhvatili dvojica kod Narodnog pozorista. Glavno pitanje je usledilo vec nakom pregledanja moje svedske licne karte: “Pa sta cemo, Djordje?” Ali sto bi rekao jedan lik iz ovog romana koji sam dosao da prevodim, Nas covjek na terenu, hrvatskog pisca Roberta Perisica: “A dok nema policije, nema ni realnosti. Ne znas di su granice i sto je realno, ne znam jeste li dosad primijetili da upravo policija cini zivot realnim, ona je majka realizma …” 1000 dinara pravo u dzep mom policajcu, zauzvrat licne karte, bio je socrealizam kakvog se secam iz detinjstva, iz Titovog doba. Kul. Sad krecem na taksi, pa do aerodroma. Jos uvek nisam resio Perisicev hrvatski zargon sa raznim oblicima glagola “brijati”, ali mogu reci da odlazim kao novonastali beogradski teski brijac.

nase fore

Vreme leti i zimi i leti, stalno je govorio jedan moj sada vec pokojni drug, Gradimir. To mu je bila fora. Glavna. Dosao sam u rodni Beograd kao “rezidencijalni pisac”, sto mi je vrlo cudno. Ne zato sto nisam pisac vec prevodilac, nego sto sam dosao u rodni grad da zivim u jednom nepoznatom stanu, u jednom nepoznatom delu grada (pri kraju Despota Stevana, Dorcol?), roditelji mi zive na samo dva, tri kilometara odavde, tamo uvek stanujem kad boravim ovde, da li da idem tamo sad, veceras, sutra, sve vreme …? Da li ce se ljutiti ako ne odem, ako radim po ceo dan, to jest ako radim to sto sam dosao da radim?

Dok sedim i razmisljam o tome, u vrelom stanu, napolju je 37 stepeni, radim uporedo na prevodjenju knjige Nas covjek na terenu hrvatskog pisca Roberta Perisica. Jedna vrlo, sto bi rekli englezi, witty knjiga. U prevodu: ima puno nasih fora. Nasih urzrecica. Nasih izraza. Nasih postapalica. Dosada sam prevodio Selimovica, Selenica, Pekica … Svaki dan moram prevesti na stotine Ej, Ovaj, Ono, Znas, Uh, Aha, Ajme, brale, rodjo, kume, kumasine, sminker, brijac, roker, darker, salabajzati. Uskladiti ih u neki svedski koji zvuci isto tako. I sta uraditi kad se junaku javi rodbina iz okoline Splita? Pola ovih uzrecica i reci, i pola celog “filinga” u svedskom jeziku nema. Ali nisam od juce, znam da se sve moze prevesti, ako covek ima vremena, i strpljenja, naravno. Losi prevodioci su oni koji nemaju strpljenja. Strpljenje, Djordje, Djordjije!

U sred svega, intervju za Radio Beograd 2. Nacitan covek me intervjuise. Osim toga i kriticar. Osim toga prati sve regionalne pisce, ne mogu da ga iznenadim ni s jednim imenom. Zna vise od mene o svemu. Hiljadu puta vise. Sva sreca nije direktan prenos. U Svedskoj ne znam nijednog naseg, pricam srpski samo sa svojom decom, ubacujem svedske reci i svaku drugu recenicu. Katastrofa. Ali znam srpski, pogobu, to mi je maternji jezik! Barem bivsi, jer sad mi je svedski mnogo jaci. Slusam program na dan emitovanja. Postidim se, jer sprski mi je losiji nego sto sam mislio. Mesam predloge ko mlinar brasno. “Selimovic pise smesno; sve knjige koje ja izdajem (imam jednu malu izdavacku kucu u Svedskoj) moraju biti smesne“, izvaljujem. A voditelj nista. Fin covek. Ne znam cak ni da li se kaze prevodilac ili prevodioc, uvek moram da pogledam u recniku.

Ali nadam se da ce barem Perisic zvucati onako frajerski svedski kad mu knjiga izadje u Geteborgu. Jer strpljenja imam, iako, kad citam nase novine (nisam ih odavno citao svaki dan ovako jedno duze vreme), gubim strpljenje i samo zelim da vicem, da nesto lomim, da nesto razbijem. Na vlasti su oni politicari koje sam gledao pocetkom devedestih, ali u “carevom novom odelu”, sto bi rekao Andersen. Sva sreca da ne prevodim na srpski. Bes bolje izrazavam na svedskom.

Sva sreca sto nisam pisac, jer bi ovaj tekst morao biti mnogo wittyji. Ovako, kao prevodilac, pises sta ti padne napamet, i ostavljas preve fore za roman koji prevodis.

There is not one but many silences

When Michel Foucault was asked about silence in an interview conducted by Stephen Riggins, he said just what the title of the blog is – “There is not one but many silences”.

And living in Belgrade for now two weeks, I am hell sure about this. I don’t know if you can call it living, but if living means intersecting with one kind of a silence in between 40 people who drink rakia and beer and listen to shitty music while talking in polyglot frequencies, then this is me.

This city offers you a wide range of different silences. If you walk down the river it’s a pure silence. Its literally silence, because the quietness of the river and people bicycling are not going to talk to you. I was going yesterday along the river, I was just thinking about life. At 22, you think you could do easily if you were in America or in Finland. You think you could talk to the moon, or do better if you were born a girl instead of a boy. Everything you think its silence, its Belgrade-is-so-much-meditation mood. But at 22 you can talk in silence with Belgrade.

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And then I entered the library in the center, just next to the pedestrian street. It is astonishingly silence. You talk in silence with Ivo Andric, with Vladimir Arsenijovic, with John Green or with Slavoj Zhizhek. It’s a kind of a silence to determine the different ways of not saying things about books and libraries, how those who can and those who cannot speak of books are distributed. It is a good silence, and a bad silence. A bad one is when you are in a job interview and a good one, needed indeed, is when in Belgrade. “The positive aspect attributable to a good silence has to do, then, with an implied meaning involving something of moral or spiritual value”.

Again back to Foucault, silence is more appreciated by the obligation to speak. Back in my country, I would love speaking. But not here. It is like if I speak, I will just destroy the beauty of books, of tall girls of Belgrade, of young handsome boys who do help elder people. It is not that you don’t have anything to say.

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For the time being, I could just shout out and yell and scream and morn and howl and call for Belgrade in a way a young writer wants from this city to behave, to give inspiration. I just do not want to talk, I am sorry. I could make this city hear my call and I could easily just kiss people on the streets, jump from one place to another. I feel that’s not the way. Silence is present here; you do not have to escape from it. It is pure apology to the talking world, but with silence I am talking a lot to Belgrade. Silence makes me want to write about Belgrade.

I think silence brings me closer to Belgrade. Silence will make us friends forever. Silence, in so many different ways, silence of communication, silence of spirit, silence of love, silence of immortal love with Belgrade.

A.S

Nine days in Bellograde

Yes, 9 days. And after passing these nine days in Belgrade, I would like to make an open letter to this Bello-city, cause after all, it is just the first thing you can notice coming here. This city is Bello, white and dizzy, tricky. Astonishing.

Bello bre, you have to really take care of your drivers. For nine days, there were more than 10 attempts of cars hitting me. An old disturbing woman after all was yelling and drying her throat by offending and passing on the worst part of Serbian language.

Bello, I do believe that you can reach and overdo 35 degrees. It was just today, I am not feeling very well. I had to skip Katarina, Lukas and Vesna just because of you. Be nice, Bello, you can try giving me fresh nights cause I am about to bring someone in this apartment. Bello, I am not cheating at you my lover, but cuddling in that frequency will not just be romantic. To you or to the other.

Bello, you are romantic. Pass on to Skadarlija, or to Magic Garden. The second one has a different understanding of romantic any though.

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Bello, I am living into you now, in this so called “Bedroom” of yours. Should you find me appropriate, but I love this neighborhood where children don’t play so much, no workers making noise in the morning, no cats trying to suffocate each other, and no couples complaining and shouting at 23h.

Bello, the first thing I read when coming here was Mario Vargas Llosa`s – “In praise of a Stepmother”.

Bello, friendly speaking, you have the craziest and sexiest football fans I`ve ever seen. It doesn’t matter if Partizan fans are divided, both of them have been so good into shouting, stealing Bulgaria`s fans flag, getting naked and forming this wonderful symphony of triumph.

Bello, I am about to just leave you sail me in the best possible way you can. Bello, I can give you more than this.

Farewell to Belgrade

Three times I kiss you farewell, Belgrade.

Once for your brimming streets and crumbling houses, your defiant greenery and sooty walls, your buses, trams, monuments, slopes and stairs.

Once for for your busy, beautiful crowds, walkers, drivers, talkers, smokers, drinkers, shouters.

Once for your larger-than-lifeness, your tucked-away brutality, your childish, glorious friendliness and all the promises that circle your skies like a everlastlingly turbulent flock of jackdaws.

Three times I kiss you farewell, Belgrade, wondering ”Will there be a revelation when the final moments are taken from my hands?”

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